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jeudi, 11 janvier 2018 | Catégorie: Analyses

Humanisez votre projet !

Il y a quelques semaines, nous avions choisi de rappeler le schéma de base de la communication en guise d’introduction à notre premier article. Il nous paraît opportun à nouveau de nous référer aux mêmes notions pour le sujet du jour et nous y reviendrons encore dans les articles à venir.

Nous avons donc établi le fait qu’une communication pertinente, réfléchie et ciblée est essentielle pour optimiser/maximiser le développement d’un projet. Un parallèle simple entre la communication humaine et son pendant institutionnel consisterait à dire que tout individu (ou entreprise) gagne à soigner son apparence, son image. Aussi, il n’est pas rare de parler de « l’attractivité » d’une entreprise ou d’un produit, tout comme on peut dire d’une personne qu’elle est plaisante ou charmante.

Tout à fait conscients de la valeur de ce qui a trait au fond, nous allons pourtant nous focaliser aujourd’hui sur la forme, puisque c’est bien d’image que nous parlons dans notre activité. S’il existe mille et une façons de soigner son apparence physique/image pour charmer l’œil, les autres sens ne sont pas du tout en reste. Par exemple, il est tout à fait courant d’utiliser du parfum pour être attirant « olfactivement » ou de moduler le ton de sa voix pour la rendre plus douce, plus virile ou encore autoritaire, selon la cible et l’objectif recherché. En résumé, être humain ou entreprise, nous cherchons tous à avoir une influence et le plus souvent à plaire.

Concentrons-nous donc sur la voix. (En tant qu’agence audio), nous sommes fréquemment amenés à intégrer une ou plusieurs voix-off aux productions sur lesquelles nous travaillons. Nous procédons bien entendu au cas par cas, mais, selon le type de projet, le recours à une voix peut apporter une dimension supplémentaire au ressenti général (provoqué par le film/spot/la vidéo/le message).

Quel apport et pour quel projet ?

Dans un film, il est incontestable qu’une bonne narration apporte de l’émotion par le timbre, le rythme et l’articulation de la voix et suggère des informations supplémentaires à l’histoire en ajoutant une dimension parallèle.

Dans une pub, pour renforcer l’imagerie sonore d’une marque, on associe souvent une voix à un slogan pour réconforter l’auditeur, il est ainsi dirigé instantanément dans un univers précis. Le grand public témoigne de sa réceptivité (ou de sa non réceptivité!), soit en chantonnant un jingle écouté récemment, soit en émettant quelques mots du jingle. Outre ces réactions spontanées, des processus d’intégration et d’évaluation très complexes ont été stimulés. Du point de vue phonétique, les mots forment une musique et transmettent un message à part entière.
Finalement, la voix, associée à une marque dans une campagne globale, renforce l’homogénéisation de tout son contenu sonore.

Facile de trouver la bonne voix-off ?

De nombreux comédiens et comédiennes proposent leurs services de « voix-off » sur le web et nombreux sont les producteurs de vidéos qui ont pu trouver leur bonheur en prenant contact directement avec ces speakers puis en intégrant eux-mêmes la piste voix à leur bande-son « home-made » (DIY do it yourself). Il arrive que cela fonctionner ainsi, mais, à la longue, l’expérience peut s’avérer moins concluante si l’on n’est pas suffisamment attentifs à certains paramètres/pièges.

  • l’embarras du choix : plus on a de choix, plus il est délicat de faire le bon. C’est un processus chronophage et le temps consacré n’est souvent pas comptabilisé par le producteur ou l’agence, (d’où un fréquent problème de rentabilité.)
  • des erreurs d’appréciation et/ou un manque d’expérience peuvent mener/conduire à une certaine confusion entre le fond du message à émettre et la forme que le message prend, une fois interprété par le speaker. Une voix peut effectivement être perçue comme très agréable par un auditeur, mais s’avérée décalée par rapport à la cible et au message à transmettre.
  • la finalité du projet en question : selon l’utilisation prévue pour la voix-off, la direction artistique est totalement différente. Il existe en effet quantité de nuances possibles et seule une sensibilité artistique fine combinée à des années d’expérience permettront de viser au plus juste et retranscrire ainsi l’intention voulue. Lors de l’enregistrement, une direction artistique est recommandée, car les possibilités d’interprétation des comédiens sont grandes et il est inévitable d’avoir des retouches à effectuer si le/la comédien(ne) n’est pas dirigé(e) correctement dès le début. Enfin, l’enregistrement réalisé aura une position et une utilisation différente suivant qu’il soit utilisé pour un jingle, dans un film, un message publicitaire, une annonce dans un évènement, un répondeur ou encore une formation destinée à une entreprise.
  • selon la nature du projet, le producteur sera amené à payer des droits d’utilisation pour la voix-off en plus de la prestation du speaker. Il peut ainsi s’avérer compliqué d’avancer des prix à un client et le producteur ou l’agence peut se retrouver à payer au speaker une somme plus grande que celle facturée au client final. Nous y reviendrons plus loin dans cet article.

Alors comment la choisir ?

Les questions suivantes permettront non seulement d’affiner la recherche d’une voix pertinente, mais également d’obtenir un devis plus précis en fonction du projet :

  • Quel est le public visé/la cible ? Homme, femme, tranche d’âge, catégorie socio-culturelle, socio-professionnelle…
  • Diffusion géographique ? Région, ville, campagne…
  • Echelle de diffusion ? Régionale, nationale, internationale…
  • Durée d’utilisation ? Court terme, une année, illimité…
  • Support utilisé ? Audio, audio-visuel, web, application « Smartphone »
  • Outils de diffusion ? Radio, TV, cinéma, événement en extérieur, intérieur, hotline, etc…
  • Budget ? Voix connue, professionnelle ou accessible, chantée, doublage, commune, plusieurs voix (langue)…

 

Aussi, il est primordial de prendre en considération les éléments suivants :

  • Adéquation du timbre de voix avec le public visé
  • Correspondance entre le rythme et l’ambiance dégagée (par le projet/la campagne)
  • Choix du vocabulaire et de la langue employée
  • Relation entre la voix et le message à transmettre

 

C’est à travers le prisme de ces différentes questions que le choix de la voix se précise et correspond avec l’objectif de l’annonceur. Une fois les réponses obtenues, un casting peut être réalisé en fonction des critères suivants :

  • Le sexe
  • L’âge
  • Le jeu d’acteur
  • Le timbre de la voix
  • La tessiture de voix
  • L’articulation des textes/la diction
  • L’ambiance générale et l’intensité donnée
  • La musicalité
  • L’accent

 

La plupart de ces propriétés sont intrinsèques aux interprètes et ne sont en principe pas modifiables (sauf dans certains cas pour les talentueux imitateurs).

A quoi d’autre faut-il penser ?

Comme mentionné plus haut, un paramètre qui n’est pas simple à maîtriser est le calcul des droits d’utilisation de l’enregistrement vocal. En effet, s’il existe certaines règles ou recommandations à suivre pour estimer ces droits, les différences persistent et il y a de nombreuses subtilités à prendre en considération pour ne pas se retrouver avec de mauvaises surprises.

Attention à la longueur du texte ! Nous sommes régulièrement confrontés à des difficultés dues à une rédaction de texte trop généreuse. En effet, il est important que la narration ne soit pas stressante, mais agréable et « digeste ». Par exemple, si un spot doit durer une minute et que le texte prévu compte 300 mots, essayez simplement de lire un texte à une vitesse de 300 mots par minute et vous verrez qu’il y a des contraintes physiques qu’on ne peut pas éviter ! Et, bien qu’on puisse éditer une piste voix pour accélérer son rythme, un enregistrement de 4 minutes compressé pour passer en 3 minutes perdra cruellement en naturel.

Finalement, il faut veiller à ce que les éventuelles traductions soient effectuées par des professionnels, surtout s’il n’y a personne en interne chez le client qui maitrise la langue.

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Raphaël Parisod directeur artistique