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mardi, 26 mars 2024 | Catégorie: Analyses

On vous en dit un peu plus sur les enregistrements audio en extérieur

Vous êtes-vous déjà amusé à porter une attention accrue aux sons qui nous entourent ? C’est un exercice intéressant, qui révèle parfois de petits bruits auxquels nous ne faisons même plus attention ou que nous n’avions jamais remarqués. Muni d’un bon micro et d’un enregistreur de qualité, cet effet est démultiplié et permet de s’immerger dans les environnements préalablement capturés.

La prise de son en extérieur regroupe tous les enregistrements qui sont réalisés en dehors d’un studio. De la captation en forêt pour un film Star Wars à celle d’un vieux bluesman devant sa maison pour les archives de la Bibliothèque du Congrès, en passant par l’utilisation d’un hydrophone (micro destiné à être utilisé sous l’eau) pour enregistrer des sons de baleines.

Un peu d’Histoire

Au départ, l’enregistrement en extérieur était utilisé dans deux domaines.

Premièrement, comme complément à des travaux de recherche. En effet, les recherches en ethnomusicologie (science humaine qui étudie les rapports entre musique et société) se basent en général sur un travail de terrain. Prenons l’exemple de John Avery Lomax. C’était un musicologue et folkloriste américain qui a commencé en 1910 à collecter des chants de cow-boys ou encore les musiques jouées par les bluesman du Sud des États-Unis. On comprend facilement que pour ce type de travail, c’est plus commode d’être équipé d’un phonographe enregistreur de plus de 150 kg installé dans le coffre de sa voiture. Grâce à ce procédé, John Lomax pouvait à sa guise sillonner la Louisiane en quête d’un potentiel nouvel artiste qui n’attendait qu’à être découvert.

Et deuxièmement, dans le cinéma, pour les bruitages. Effectivement, pour plonger un spectateur dans une histoire ou un univers, le son est une arme effroyablement efficace, pour autant que la qualité soit au rendez-vous. Pour illustrer notre propos, basons nous sur la vidéo ci-dessous. Dans celle-ci, les ingénieurs du son nous dévoilent leur processus fascinant : ils enregistrent une multitude de sons qu’ils vont ensuite manipuler pour créer des bruitages qui donneront vie au film en lui fournissant un contexte. Par exemple, comment parvenir à reproduire le son d’un pistolet futuriste pour Star Wars ? Tout simplement en frappant un morceau de métal contre une corde métallique d’un pylône électrique ! Grâce à ce travail minutieux, des bibliothèques sonores impressionnantes sont constituées, permettant ainsi une utilisation récurrente pour les suites, ce qui contribue à créer un univers sonore cohérent d’un film à l’autre.

 

Néanmoins, le premier son à avoir été enregistré en extérieur date de 1889, nous le devons à Ludwig Koch et nous pouvons y entendre un merle. C’est par la même occasion la première captation sonore d’une source autre qu’humaine.

Avec l’arrivée des équipements portables de haute qualité, l’enregistrement en extérieur est devenu un art en soi.

Passer à l’action

Une multitude de données sont à prendre en compte avant de se lancer pour de bon.

Tout d’abord, parlons des différentes méthodes d’enregistrement. Seriez vous plutôt du style à vous balader avec un matériel adapté pour attraper des sons sur le vif ou à repérer un lieu précis pour vous poster en attendant que l’occasion parfaite se présente ?

Suivant vos envies, il faudra par exemple faire attention :

  • à vous munir de l’équipement adéquat. Par exemple, vous devrez prévoir du matériel portable et compact si vous souhaitez vous mouvoir lors de vos enregistrements ou préparer du camouflage et un micro adapté si l’idée est de capter du son à un endroit précis pendant plusieurs heures.

 

  • aux possibles imprévus. Le temps est une variable très importante à prendre en compte et sur laquelle nous n’avons pas toujours le contrôle. Que faire si le jour J un orage éclate ? A quelle période de l’année comptez vous faire vos enregistrements, si c’est en plein été, le bruit assourdissant des criquets pourrait poser problème, à l’inverse en hiver les bruits de pas sur la neige pourraient vous gêner.

 

  • au lieu. Une autoroute située à quelques kilomètres de là pourrait créer du bruit parasite. Si vous êtes au bord d’un lac et que vous vous apprêtez à capturer le son que vous attendiez depuis des heures, le capitaine d’un bateau qui passe par là pourrait appuyer sur son klaxon et ruiner tout votre travail.

 

Il existe aussi des plateformes dédiées où vous pourrez trouver des banques de sons pour éventuellement compléter vos créations. Encore faut-il dénicher des enregistrements de bonne qualité et qui correspondent à ce que vous recherchez. C’est pour ces raisons que chez Wavestudios, nous préférons souvent nous en occuper nous-mêmes.

Que faire ensuite ?

Le travail est loin d’être fini une fois que vous aurez capturé les sons qui vous intéressent. Il faudra tout réécouter et sélectionner les meilleures prises. Vous pourrez rarement utiliser le son sans faire un peu de traitements, pour éliminer par exemple les bruits parasites. Enfin, il restera à assembler les différentes prises de son pour créer un univers cohérent qui vous plaît.

De plus, nous pouvons faire une distinction entre un son qui sera utilisé seul ou qui sera accompagné d’images. Avec un enregistrement seul, vous pourrez vous permettre d’être plus créatif, puisqu’il ne sera pas dépendant d’un autre média. Pour du son à l’image, vous devrez constamment vous référer à ce qui se passe à l’écran et faire preuve d’une grande rigueur de synchronisation. Il faudra peut-être aussi traiter le son différemment, par exemple vous devrez peut-être exagérer un son pour souligner une action précise.

Enregistrements en binaural

Depuis quelques années maintenant, le son en binaural change l’approche que nous pouvons avoir d’un enregistrement sonore. Effectivement, grâce à un micro spécialement conçu pour cet usage, nous sommes en mesure de capter du son à 360°, pour une immersion encore plus poussée. Chez Wavestudios, nous nous sommes rapidement penchés sur cette méthode de captation et c’est devenu l’une de nos spécialités.

L’utilisation d’un micro binaural offre une captation d’une précision remarquable, nécessitant ainsi une vigilance accrue pour éviter toute perturbation extérieure lors de l’enregistrement. C’est pourquoi, il est impératif de maîtriser parfaitement l’environnement dans lequel il aura lieu. De plus, avec cette méthode, il sera plus difficile de contrôler précisément la captation, contrairement à l’utilisation d’un microphone directionnel. Vous aurez besoin de deux entrées sur votre enregistreur, une pour chaque oreille, il sera essentiel de veiller à ce que le volume de celles-ci soit équilibré, garantissant ainsi une symétrie entre les deux canaux. Une fois dans votre logiciel, vous disposerez de deux pistes distinctes et vous devrez faire attention à ce que le réglage du panoramique soit correct.

Abordons à présent la question des microphones, un élément crucial aux multiples types et qualités. Vous avez peut-être déjà remarqué les modèles de la marque Neumann, très prisés dans le domaine des vidéos ASMR. Cependant, chez Wavestudios, nous avons fait le choix d’une solution plus mobile et mieux adaptée aux enregistrements sur le terrain (cf. la photo ci-dessus).

Illustrons nos propos avec un projet concret que nous avons eu l’opportunité de réaliser : l’expérience Yellow Challenge de CarPostal. Notre mission consistait à mettre en lumière une paire de baskets spécialement conçues pour l’occasion. Nous avons redoublé de créativité afin d’établir un concept amusant et innovant. Après avoir procédé à l’unboxing d’un microphone binaural, nous avons fait appel à des danseurs de break que nous avons enregistrés à quelques centimètre des oreilles synthétique et nous sommes allé dans un studio avec une belle acoustique, sur du parquet, pour recueillir au mieux le son des baskets crissant sur le sol.

Si vous désirez approfondir vos connaissances sur le binaural, nous avons rédigé un article complet à ce sujet, où nous explorons en détail cette technique immersive de capture sonore.

En finalité…

Nous pouvons mettre en parallèle le travail du son, avec celui de l’image. Tout le monde peut filmer ses vacances et obtenir un résultat qui lui convient. En revanche, pour faire un film qui passera en festival, il vous faudra prendre en compte un grand nombre de paramètres et se montrer très consciencieux.

La captation en extérieur, nous offre un terrain d’expérimentation et de possibilités infini. Vous en savez un peu plus sur comment procéder si c’est un domaine qui vous attire et maintenant, c’est à vous de jouer !

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Ludovic Grünenfelder Producer, Sound Designer & Engineer